Sunday, January 30, 2011

16 janvier 2011

Le compte n’y est pas mais les registres sont sans égards. Le compte n’y est pas mais nous voilà contraint de singer le gorille… Trouver la fille… L’urgence avale même le ciel.

Nous arpentons le plateau désert ; nous sommes sur le chantier du plus gros patron de la région. La guerre est déjà commencée. Un chien hurle de douleur derrière une clôture de tôles rouillées. Au loin, une bouteille d’eau minérale géante surplombe les arbres comme l’Atomium de Bruxelles. C’est la curiosité qui me fait rouler dans sa direction, et l’espoir mu par la certitude que, sous les arbres, la guerre n’existe pas. La vie s’y développe dans la marge, avec des jardins tout autour de la bouteille d’eau minérale.

Sunday, January 16, 2011

11 janvier 2011


Les chaussures de Lise dorment sur le palier. Elles sont légères. Je soulève la paire d’une seule main, avec le pouce contre les talons, l’index et le majeur à l’intérieur, contre la toile chaude et humide, le contact de nos dernières heures d’activité : le chemin à rebours dans les rues de la ville, en suivant les miettes… jusqu’au coin de trottoir, point de rendez-vous avec Philippe, Naïma et Firmin.

La forêt d’agrément est aussi vaste qu’un pays. C’est la Frisur d’une colline. Elle surplombe le paysage. Au loin, un château fort sort de la brume. Le soleil cogne. Bras et jambes crapahutent comme ceux d’un demeuré. Pour la première fois, je transpire à grosses goutes. Les perles brillantes percent la toile de mon tee-shirt bleu, à manches coupées suivant le pointillé des coutures. Elles chutent de mon front incliné vers la terre, puis disparaissent en formant de minuscules cratères dans la poussière. Ce sont des vestiges de bombardement qui finissent par se découvrir le jour où l’on pénètre le cœur de la forêt.

Tuesday, January 11, 2011

2 janvier 2011

Un tee-shirt bleu coupé au niveau des coutures comme dans les films avec Jean Travolta. On ajoute un ourlet en tissu élastique pour dynamiser le secteur de la confection. Ça valorise les muscles qui n’existent pas. C’est un miracle. Les ducasses gardent la primeur de cette élégance absolue. La version la plus up est confectionnée dans une étoffe à trous-trous. Un monsieur avec un costume deux pièces en velours vert non côtelé. Il possède la tactique pour faire chavirer les auto-tamponneuses. Son visage rouge rit comme s’il assistait à l’arrivée du roi des juifs à Bruxelles. Quelques années avant de mourir de la soif, Guy Marchand m’apostrophe sur le perron de chez Jeanne.

Sunday, January 02, 2011

9 décembre 2010


La façade de la télévision s’écroule car elle est faîte en lamelles de verre-mica. Cela dégage des nuages de poussières toxiques mais c’est sans danger car ça se passe à la télévision. Le film est diffusé en marche arrière si bien que la télévision retourne à la terre. Je regarde à n’y comprendre rien en buvant un verre de lait froid. Cet état me laissera de marbre à l’appel du clairon. Les trois jours me contourneront avant de retrouver leurs cases dans la toile cirée du calendrier.
Anna descend l’escalier à la rencontre de sa mère, la taille serrée dans un foulard rose comme des cheveux. La déférence exige un sens de la responsabilité obtus mais les manières d’Anna sont enfantines. C’est un jeu de balle qui suscite l’admiration en retour d’un sentiment de fierté. Quelques secondes d’entente au-delà des remparts de l’âge, dans un jardin à la périphérie du centre ville. Elle offre à sa mère l’image de sa propre jeunesse, en échange du refuge des instants qui précèdent l’adolescence.

Donne meu eune bonne et viele religion, ché bécha bon pour mi.


Don Van Vliet - Captain Beefheart
15 janvier 1941 - 17 décembre 2010