Wednesday, December 22, 2010

22 décembre 2010 - Haïti

Voyage de dernière minute : Haïti la bonne surprise, mais seulement pour trois jours, comme Cendrillon. Marchons le long du fleuve photographié pour toutes les cartes postales. La foule du dimanche après-midi, repue, berloqueuse. Rien à voir avec le cœur. L’autre côté du fleuve, une façade métallique sur trois étage s’étend à perte de vue, les murs sont fins comme au cinéma et jointés par des profilés métalliques, les rivets sont d’un vert de gris plus saillant que le reste. Ce doit être une gigantesque galerie marchande mais ça n’y ressemble pas. Un vaisseau de guerre à quai, de la taille d’une ville, un palais pour Ogoun Feraille ? Rien à voir avec le cœur, c’est le crépuscule. Trop court pour remonter sur les collines. Hôtel réservé par Bévil, près des ramblas pour être sur place, pour tirer parti du temps qui rigole. Un peu plus loin, l’empreinte d’Haïti sous la forme d’un poupon au front tendu, à la chevelure noire de Big Jim. Un peu plus loin, les grands singes au ventre jaune d’œuf, dressés sur la muraille avec leurs permanentes noires comme les charbonnages, laquées au point de les faire ressembler à des perruques.

Tuesday, December 21, 2010

19 décembre 2010

Une play-mobile encastre les diésels dans les murs par apposition des mains. C’est la play-mobile du géant Makovek, une masse sombre qui me frôle le dos, se pose sur mon épaule avec l’ample légèreté d’un albatros, dépose sur ma joue une bise humide, ronde comme une trompe de papillon. Son empreinte persiste comme la mer, c’est celle d’un papillon avec des ailes d’albatros.

Wednesday, December 15, 2010

Claire Rose

Claire Rose a des yeux fanstasmagorien et ses chevilles s’arquent comme celles d’un desperado et il faut bien ça puisqu’elle n’a pas le loisir de glisser les mains dans les poches de son cache-poussière comme sur une réclame de cigarettes, tout occupée qu’elle est à comparer la réponse des haricots en superposant différentes images de leur portrait.

Claire Rose a des cheveux de Catalane frappés par le jaune du soleil comme la paille du jardin en 1976 et chiffonnés par le vent et la pluie comme un tee-shirt aspergé de Javel sur la corde à linge. Considérons Étretat lavé par les embruns puis doré par le crépuscule de l’Est. Ce sont les deux visages d’Étretat

Thursday, December 09, 2010

1er décembre 2010

Un Blue Jean, délavé par des procédés industriels, retroussé juste au dessus de la cheville, pour laisser le pied nu libre de marcher dans le sable, dans l’herbe, ou sur le perron d’un bungalow. La tenue évoque aussi bien l’habitude qui découle de l’originelle libération du mouvement, que les caprices d’une époque défraichie. C’est la fausse ambigüité dans laquelle s’installe le vieillissement industriel.

L’essence est le cri des apparences. C’est l’illusion de toucher la cheville, de la serrer du regard pour en palper la vie dans tout son vécu, depuis la croissance de l’ossature jusqu’au duvet de givre qui voile les taches de rousseur, depuis la courbe qui fait chuter la tête contre la brique, jusqu’à l’équateur humide qui marque la frontière entre le pied et la plante, entre le corps et la terre.