5 novembre 2010
Il porte une veste à paillettes multicolores pour diffuser la lumière des grosses gamelles en la rendant plus petite afin qu’elle puisse entre dans les petites pupilles des filles. Le minuscule bec de son saxophone soprane disparaît dans sa barbe blonde. On dirait Trichlo avec toute la distance rassurante, toute la fausse décence des spectacles de masse. Il est remarquable que la musique ne s’y soit pas dissoute pour gonfler le flot du tout à l’égout. On mesure mal jusqu’à quand elle pourra continuer d’enchanter les futures générations d’amoureux.
Christine et Mamala à la ville, par les trottoirs pluvieux qui longent les éternels parc et maisons. Cinq lettres en anglais, les cygnes rococo en verre bleuté, une chanson slow pour les fils d’ouvrier. Cinq lettres en français que la fiancée du temps qui passe emploie pour signifier qu’il est temps de couper court.
Mamala de main et d’herbe grasse. Mamala entre les arbres et le sentier d’argile grouillant de silex. Mamala dans le tombeau des patriarches qui est une pâture avec le drap-housse à l’effigie du Saint-Suaire. Mamala l’infante prodige que des difficultés firent perdre confiance.
Christine la jeune fleuriste au visage ancré dans la forêt des cours d’école. Christine figé dans le ciment d’un perron gros comme un estomac. Christine qui soit disant voudrait bien mais qui soit disant s’est déjà engagée.
Mais quelle simagrée ! Mais quel temps suspendu entre l’alcôve et le trottoir, au bord duquel s’écoule la route, avec ses boîtes à chaussures de part et d’autre. Il suffirait d’une découpe dans le carton, d’un passage de lumière pour que le drame prenne vie sur l’écran du ciel, qu’il se diffuse sur la couverture nuageuse, qu’il se blottisse dans la cotonnade pour s’endormir sans secousse.
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