2 novembre 2010

Un tas de graviers derrière le muret à droite de la route. Parfois, le tas de graviers est un autocar. Sur l’itinéraire parallèle, la silhouette du fantôme des saisons : un ange protecteur en situation périlleuse, un ange exterminateur des mauvais songes avec des cheveux brillants blonds, puis progressivement roux, puis blonds à nouveau, au fil des saisons.

La brume dort sur la campagne froide et humide. Nous longeons le muret en direction d’un point de rencontre : la petite place d’un village perdu dans les betteraves, un oasis en terre flamande. Nous rejoignons le garçon frisé toujours allant et dynamique, son fils en lutte avec l’atmosphère et sa jeune femme brune comme les secrets. Puis, nous embarquons dans un autre autocar en direction de la capitale réorganisée autour d’un palais de tubulures rouges couvert de gazon. Son sous-sol est aménagé en un gigantesque parking automobile dévoreur d’âmes dont l’un des innombrables fonds ouvre la voie au royaume d’Hadès.

L’homme sans petite sœur tient son nécessaire dans un sac porté à ses pieds, le même sac qu’il portera des années plus tard, autour du cou, lors de son arrivée en gare.

Les superstars sont américaines et habillées de couleurs sous les douches qui tourbillonnent.

Les néons du retour répandent leur javel pour décolorer le souvenir de la fête, comme l’éclairage électrique des matins d’hiver chasse le rêve. La discussion entretenue avec la passagère d’en face se couvre donc d’un voile d’hallucination. Il est question du voisinage décrit comme la route parcourue de proche en proche, de ladite route qui, sillonnant à travers champs, s’achève par une maison en plein virage, du village consécutif dont le nom évoque la foudre convoyée par les lignes à haute tension qui surplombent la voie ferrée. Il est question des bas de sa mère qu’elle prétend porter sous ses Blue jeans à ourlet repassé. Les néons du retour compriment le champ de vision comme sous le plafond du parking d’Hadès.