Thursday, May 01, 2008

Soliton



Cette vague est une particule vous dis-je. C’est une entité dynamique autosuffisante. C’est une « chose », un ectoplasme.

En 1834, John Scott Russell aurait pu révolutionner le transport routier si ses détracteurs n’avaient pas inventé l’accident de la route. En 1834, John Scott Russel a éprouvé la solitude de l’onde qui s’observe de l’extérieur, lascivement allongée sur la berge d’un fleuve.

En septembre 1844, John Scott Russell a présenté son rapport sur les vagues à New York. 10 mois plus tôt, Léopoldine se noyait à Caudebec-en-Caux.

Aujourd’hui, la découverte de l’onde solitaire par John Scott Russell trouve sa principale application dans le domaine des télécommunications modernes. C’est ainsi que, plus de deux siècles après l’observation de ce phénomène, nous sommes contraints de manœuvrer des bateaux-grues gigantesques pour dérouler des milliers de kilomètres de fibres optiques au fond des océans parce qu’il est désormais nécessaire de transporter d’énormes quantités d’informations à la vitesse de la lumière. Ce constat nous amène à penser que trop de choses n’ont pas été dîtes à temps.

Les implications de l’œuvre de John Scott Russell couvrent de nombreux domaines scientifiques et ses répercussions peuvent toucher directement le grand public. En effet, lors des retransmissions télévisées du tour de France cycliste, l’intérêt se concentre naturellement sur les coureurs de tête car ils sont seuls capables de rouler aussi vite que les motos qui véhiculent les cameramen. Pour mettre à profit les découvertes de John Scott Russell dans le contexte du tour de France, il suffirait de faire évoluer les coureurs sur une route élastique, en macadam caoutchouteux. Ainsi cette route se creuserait sous l’effet du poids du peloton et les concurrents de tête auraient à subir une côte tandis que ceux de queue bénéficieraient d’une descente. Par conséquent, le peloton resterait groupé sur toute la durée de l’épreuve, à la manière d’une vague solitaire. Ceci impliquerait une totale remise en question dans l’approche de la retransmission de cet évènement sportif qui ne serait pas sans impact sur sa perception par le public des téléspectateurs. On comprend dès lors que le perfectionnement du sport par la science puisse être freiné par la télévision.

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